Fragilisé par une profonde crise économique, le nouveau régime dépèce l’empire dos Santos tout en améliorant sa crédibilité auprès des partenaires occidentaux et des institutions financières.
Depuis son arrivée à la tête de l’Angola en septembre 2017, le président Joao Lourenço réduit méthodiquement l’emprise du clan de son prédécesseur, José Eduardo dos Santos, dont il fut le dernier ministre de la défense. Général à la retraite de 65 ans formé en Union soviétique, « JLo » a évolué au cœur du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), le tout puissant parti-Etat au pouvoir depuis l’indépendance en 1975. Il en a arraché, fin 2018, la présidence à dos Santos qui a vu les membres de son clan, riches à milliards, se retrouver éjectés du parti, en exil ou dans les filets de la justice angolaise.
Fragilisé par une profonde crise économique, le nouveau régime s’est lancé dans une vaste lutte anticorruption qui a l’avantage de dépecer l’empire de son prédécesseur, tout en améliorant sa crédibilité auprès des partenaires occidentaux et des institutions financières.
« Joao Lourenço était perçu par le bureau politique du MPLA comme celui qui pourrait sauver l’héritage politique d’un parti qui se considère comme le seul représentant légitime de la nation angolaise. Et ainsi conserver le pouvoir et les énormes ressources financières de l’Etat », commente Didier Péclard, analyste politique au Global Studies Institute de l’université de Genève.
Reste que José Eduardo dos Santos « a franchi une ligne rouge au milieu des années 2000 lorsqu’il a substitué son clan “biologique”, sa famille directe, au clan politique au sein duquel s’étaient jusque-là répartis des postes-clés de l’Etat et de l’économie. Isabel dos Santos, elle, illustre la relation d’amour-haine que de nombreux Angolais ont à l’égard du clan dos Santos : si elle a pu incarner une certaine fierté nationale par sa réussite, notamment en rachetant des parts importantes de fleurons de l’économie de l’ancienne puissance coloniale, elle est surtout devenue le symbole le plus évident de la corruption et du népotisme du régime dos Santos ».