[25/06/2020]    

Racisme en Mauritanie : l’autopsie du déni

Note de synthèse



Les faits

Le 23 juin 2020, par « message-radio » du Directeur général de la sureté nationale (Dgsn), le Général de division Mesgharou Ould Sidi, deux policiers du commissariat de Elmina1 dans la capitale Nouakchott, dont un brigadier, permutent avec leurs collègues du Hodh oriental, respectivement à Bassikou et N’beiket Lahwache, à l’extrême Est du pays, près de la frontière du Mali. La mesure d’éloignement, suggérée comme sanction, clôt une intense polémique sur l’image d’un jeune noir que deux agents, de teint clair, étranglaient, à même le sol, deux jours auparavant et devant témoins. Certes, la torture et la « crise cardiaque » durant la garde à vue relèvent de la banalité du traitement, lors de la détention, d’africains subsahariens, fussent-ils citoyens ou étrangers. L’indignation consécutive à la diffusion de la photographie résulte de la protestation, aux quatre coins du globe, contre le racisme et le « négrocide », après l’assassinat de Georges Floyd, par un agent de type caucasien, le 25 mai 2020, à Minneapolis, ville des Etats unis d’Amérique.

La victime se nomme Abou Djiby Diop, âgé d’environ 20 ans et ressortissant, pulaarophone, de Mauritanie, natif de la ville de Maghama ; les auteurs de l’étouffement sont le brigadier Balle Ould Zeidane et son collègue sans grade, Ahmed Salem Ely dit Eleyat, tous deux arabo-berbères.
Au moment de l’incident où il aurait pu perdre la vie, le contrevenant présumé, Abou Diop, séjournait au commissariat El Mina 1 où il répondait d’une accusation de larcin. Profitant de l’inattention de ses gardes, il se sauve à toutes jambes, aussitôt poursuivi par les susdits lesquels parviennent à l’immobiliser, dans la posture du mouton de sacrifice. Selon les témoignages recueillis auprès des riverains, les deux policiers multirécidivistes rivalisaient de brutalité envers les civils. A la suite de sa capture, Abou Diop se retrouve menotté et jeté dans une cellule ; il n’existe, depuis, aucune information fiable sur son sort. Point davantage n’a-t-il été possible d’identifier le lanceur d’alerte dont la photo, de qualité moyenne, atteste, cependant, du zèle à l’administration de la bavure sur un garçon désarmé et plutôt de constitution chétive.
La dissimulation

Passé la séquence de la stupeur, voire de l’incrédulité devant la disproportion du geste et la charge symbolique de l’acte dans un environnement de racisme, l’engrenage du déni se mit à produire, sans discernement ni souci de la vraisemblance, l’habituel flot de relativisation, puis de démenti, enfin, d’invective, à l’endroit des défenseurs de l’égalité et de l’intégrité physique des gens. Dès 1987 - surtout grâce à la loi d’amnistie de 1993 - le système consolide une expérience touffue de contrefaçon, qui consiste à discréditer les militants des droits humains, au grief que leur refus de banaliser le mépris du noir, tient, en soi, d’une volonté de nuire à « l’identité arabo-islamique de la Mauritanie ». La fraude induite de la nécessité politique du mensonge devenait un réflexe, d’où la facilité du recours au faux.

Pour s’en rendre compte, il suffit de constater combien l’’intervention, sur les lieux, de l’honorable députée Coumba Dada Kane, eut l’effet étonnant de détraquer la machine : en 48 heures, l’affaire prit une tournure partisane. L’Etat de l’hégémonie ethno-tribale et ses relais au sein de l’opinion se mirent à changer de version, d’une heure à la suivante, pour s’en tenir à la thèse du montage Photoshop. Il fut même insinué-comble d’inhumanité- que la victime venait du Mali et, à ce titre, ne méritait tant de bruit.

Epilogue et conséquences

A priori, Abou Djiby Diop aurait survécu, sous réserve d’une confirmation par un avocat ou une institution d’assistance aux prisonniers de droit commun. Sa mésaventure intervient dans le contexte de l’exécution de Abass Hamadi Diallo, près de Wending, pendant la nuit du 28 au 29 mai, par un militaire en patrouille, le long de la rive mauritanienne du fleuve Sénégal. La communication officielle, le réputa délinquant, avant d’envoyer de l’argent à sa famille, aux fins d’en acheter le silence.

Au terme de deux décennies d’impunité d’une extrême violence à l’encontre de sa majorité d’ascendance noire, le gouvernement de la République islamique de Mauritanie porte la responsabilité de la négligence et de la fuite en avant, aux motifs éculés de patriotisme et de défense de l’ordre. Or, aucune des deux lignes de défense ne tient, longtemps, tant qu’elle s’appuie sur le fait accompli, comme fondement de la gouvernance. Partout, les honnêtes gens cessent de respecter une autorité qui les gave de promesses d’équité mais leur demande d’attendre encore, de patienter, d’espérer, de laisser le temps au temps. L’espoir déçu devient venin.

Pour le gouvernement de la Mauritanie, l’instant est plus que venu d’agir, avec courage et inventivité, en direction de la vérité d’abord, ensuite du compromis, au lieu de s’enfermer, toujours, dans les tripatouillages de dilettante, sous le sceau de l’improvisation et de l’incurie.



Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste de Mauritanie (Ira-M)
Nouakchott, le 25 juin 2020

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