[08/10/2020]    

Coalition pour le Sahel « Nous ne cherchons pas à nous substituer au G5 Sahel, mais plutôt à le servir » (M. Fréderic Bontems)



En visite de travail en Mauritanie depuis lundi, M. Fréderic Bontems, nouvellement nommé envoyé spécial de la France pour le Sahel, a animé une conférence de presse, mercredi, à la résidence de l’ambassadeur de France en Mauritanie. L’entretien avec les médias nationaux et internationaux a porté sur la teneur de ses rencontres avec les hautes autorités du pays et celles du Secrétariat exécutif du G5 Sahel et sur davantage d'explications de sa deuxième mission de secrétaire Général de la Coalition pour le Sahel.

Entrant dans le vif du sujet, M. Bontems souligne que son déplacement en Mauritanie est le premier qu’il effectue dans un pays du Sahel depuis sa prise de fonctions. Il avance deux raisons. « La première c’est que la Mauritanie assure actuellement la présidence du G5 Sahel. Ensuite je suis venu au lendemain du conseil des ministres du G5 Sahel qui avait lieu lundi », cela a été l’occasion « d’échanger un peu après cet événement ». Enfin, « Nouakchott abrite le secrétariat exécutif du G5 et je souhaitais m’entretenir avec mes homologues au sein du G5 Sahel, poursuit l’envoyé spécial de la France pour le Sahel.

Au cours de sa visite, il s’est entretenu avec le ministre des Affaires économiques et de la Promotion des Secteurs productifs, président du conseil des ministres du G5 Sahel, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Mauritaniens de l’Extérieur, le ministre de la Défense nationale, le Secrétaire Exécutif du G5 Sahel, et enfin avec le président de la République.

Selon lui, « les discussions ont tourné très largement autour de la situation dans la région du Sahel de façon générale et autour de sujets plus pratiques sur la coalition pour le Sahel et son fonctionnement. Il s’agit de discussions extrêmement précieuses qui ont permis de comprendre les préoccupations de la Mauritanie et la dynamique dans laquelle s’inscrit le G5 sahel ».

Avant de revenir en détail sur l’action de la coalition, M. Bontems a expliqué qu’il a une double casquette. « La première, c’est celle d’envoyé spécial pour le Sahel. La France, a une action sur le Sahel qui couvre beaucoup de secteurs. On est présent sur le plan militaire notamment avec Barkane, mais aussi sur les sujets de développement avec l’Agence française de Développement (AFD) et d’autres types d’actions. A cela s’ajoute l’action diplomatique bien évidement, à la fois de façon bilatérale et multilatérale, notamment avec les Nations Unies » précise t-il.

Concrètement, sa mission consiste à « faire une coordination interministérielle en France, de sorte que tous les piliers de notre action, soient alignés par rapport à une feuille de route que nous avons », explique M. Bontems. Il est question ici de la feuille de route qui a été fixée entre les chefs d’Etat du G5 Sahel et le président de la République de France, lors du sommet de Pau et qui a par la suite été réaffirmée, lors du sommet de Nouakchott, le 30 juin dernier.

En ce qui concerne la deuxième casquette, celle de Secrétaire général de la coalition pour le Sahel, il s’agit d’une nouvelle structure qui répond à une demande ancienne, des chefs d’Etat du G5 Sahel et qui « a consisté à regrouper les Etats du G5 Sahel et tous leurs partenaires avec une vision totalement transversale des problématiques du Sahel » souligne M. Bontems. Dans son exposé, il dira que cette vision s’articule autour de quatre aspects : la lutte contre les groupes armés, le renforcement des systèmes de défense et de sécurité, l’appui au renforcement de l’Etat ou son redéploiement sur l’ensemble de la zone du Sahel et des sujets de développement.

Gouvernance

Par ailleurs, il a souligné que par rapport à la gouvernance de la coalition pour le Sahel, « la France a accepté provisoirement de porter le secrétariat général, sachant qu’à partir de janvier 2021, normalement, il y aura une structure plus internationale». Ainsi, le nouveau secrétariat général «sera installé à Bruxelles avec un sahélien à sa tête et une petite Task-force autour, qui sera fournie par les différents participants » renseigne M. Bontems.

D’après le Secrétaire Général de la Coalition pour le Sahel, l’objectif de sa structure est « d’être une plateforme de service au bénéfice des membres de la coalition. Elle permet de partager l’information, de la diffuser, de faire du reporting, de la transversalité » avant de poursuivre « il y a eu un accord entre les différents membres pour la mise en place d’un secrétariat général pour une période de deux ans ». L’idée c’est que pour les deux premières années, le représentant vienne d’un pays du Sahel avec un adjoint probablement européen. « Très concrètement, il appartient aux chefs d’Etats du G5 Sahel de faire une ou des propositions. Et derrière, ce sont les membres de la coalition qui apprécieront et donneront leur accord » précise M. Bontems.

Situation au Sahel

Interrogé sur la situation du Sahel, il dira qu’elle est contrastée. « Il y a visiblement le maintien d’une pression sécuritaire des groupes armés terroristes, dans plusieurs zones avec une action militaire, notamment de Barkane, mais également les forces armées nationales et la force conjointe ». Elle permet de contenir voire même « engranger des succès significatifs dans la lutte contre le terrorisme. Nous estimons qu’il y a des progrès enregistrés ».

Approche multiforme

Selon M. Bontems, « on ne peut pas combattre le terrorisme uniquement sur le plan militaire, surtout quand il s’agit d’une menace asymétrique. Vous avez affaire à des groupes terroristes qui ont la capacité de se dissoudre facilement au sein de la population. Ce n’est pas un ennemi en face, que vous pouvez affronter. C’est beaucoup plus compliqué. Et donc la solution, l’objectif d’une force comme Barkane c’est de réduire suffisamment cette menace à un moment où elle se matérialise à un niveau élevé, pour que derrière, la force conjointe puisse gérer la menace. De l’autre côté, une réponse politique et en termes de développement doit être apportée ».

Cette vision de M. Bontems, est en phase avec l’action mauritanienne qui va au-delà de la riposte militaire pour déradicaliser ceux qui le sont et prévenir l’expansion du terrorisme. Ce fléau, rappelle M. Bontems, « prospère sur l’absence de perspectives économiques, de sentiment d’exclusion de certains groupes, et cela demande une approche globale ».

« Nous disons qu’il y a ce volet lutte contre les groupes terroristes, un volet renforcement des capacités des forces de sécurité et de défense, de renforcement de la présence de l’Etat sur l’ensemble du territoire et une capacité d'avoir une politique de développement renouvelée, renforcée qui offre des perspectives à l’ensemble de la population ».

Avant de finir, M. Bontems a tenu à lever toute ambigüité sur la compréhension de la mission de la coalition pour le Sahel. Il a insisté sur le fait qu’elle « n’est pas une organisation internationale comme le G5 Sahel ». Le G5 Sahel est une structure internationale avec une personnalité juridique tandis que la coalition « regroupe en plus du G5, une cinquantaine de partenaires, sur un mode un peu informel ». M. Bontems confie tout de même, qu’un accord cadre, entre le secrétariat général de la coalition et le secrétariat exécutif du G5 Sahel est en cours de négociation. « Nous ne cherchons pas à nous substituer au G5 Sahel, mais plutôt à le servir », insiste M. Bontems.

En somme, la coalition entend « apporter une plus-value depuis le militaire jusqu’au développement en passant par l’humanitaire, le redéploiement de l’Etat, l’ensemble de ce qu’on peut faire et qui est le partenarial entre les Etats du G5 Sahel et les autres ».

Enfin , il a révélé que deux événements importants sont au programme de la coalition. La première est une conférence qui entre dans le cadre des assemblées de la Banque Mondiale, sur les questions de sécurité au Sahel à laquelle il participera depuis Paris, en visioconférence et la seconde sera « une réunion du groupe de contact de la coalition, au niveau haut-fonctionnaire, également par visioconférence.

Notons que M. Fréderic Bontems, né en 1964, fut ambassadeur de France en Ethiopie et représentant permanent auprès de l’Union africaine. Avant cela, il a eu « un assez long passé de diplomate avec une spécialité sur le développement ». Il a en effet été directeur du développement au ministère français des Affaires étrangères, puis en fonction à l’agence française de développement, entre autres.

AMI

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