Le Tchad, le Burundi, le Cameroun et la République centrafricaine sont particulièrement cités.
L’Organisation des Nations-Unies a exprimé, mercredi, ses inquiétudes pour les pays de l’Afrique centrale, faisant état de « sérieuses menaces sur la stabilité politique, sécuritaire et socioéconomique ».
Dans un communiqué diffusé sur son site officiel, l’ONU a expliqué que les tensions ont tendance à monter, notamment dans les pays où des processus électoraux sont en cours.
Les pays de la zone «sont soit au milieu ou au début d’un cycle électoral et par conséquent connaissent des tensions liées aux processus électoraux», a déclaré à cet effet, François Louncény Fall, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en Afrique centrale dans ce communiqué.
Il s’adressait au Conseil de sécurité de l’ONU.
Le responsable onusien a notamment cité le Tchad, le Burundi, le Cameroun et la République centrafricaine.
Chacun de ces pays passe par un contexte spécifique et présente des défis qui lui sont propres.
Pour le Tchad par exemple, l’adoption d’une nouvelle Constitution, l’entrée en fonction d’un nouveau gouvernement et la création d’un nouveau cadre de dialogue politique, devraient «créer les conditions favorables à la tenue d’élections législatives crédibles en novembre 2018».
Ces élections devaient, pourtant, avoir lieu depuis deux ans, ce qui a posé un problème de légitimité pour le parlement, dont le mandat s’est achevé fin 2015 et, partant, pour le nouveau texte constitutionnel qu’il a adopté.
Pour rappel, la nouvelle Constitution a été adoptée le 30 avril dernier, avec 133 voix pour et 2 contre, instaurant la quatrième République au Tchad et donnant plus de pouvoirs au Président qui devient lui-même le chef de l’exécutif après suppression du poste de Premier ministre.
François Louncény Fall a également cité le Cameroun, dont la crise anglophone dans les régions sud-ouest et nord-ouest a causé le déplacement de 200 mille réfugiés vers le Nigéria.
« Sept activistes anglophones ont été condamnés à des peines allant jusqu’à 15 ans de prison, pour des motifs notamment de terrorisme », a-t-il rappelé.
Il a appelé, dans ce contexte, à un dialogue inclusif «pour trouver une solution à la crise, répondre aux doléances des populations anglophones et garantir l’intégrité territoriale du pays, ainsi que la stabilité régionale».
Pour le Burundi, le représentant du SG de l’ONU en Afrique centrale a averti que l’adoption d’une nouvelle constitution le 17 mai dernier pourrait «réduire à néant les acquis de l’Accord d’Arusha». Ces accord avaient mis fin à une décennie de guerre civile et abouti à l'élaboration de la Constitution de 2005, qui limitait le nombre de mandats présidentiels à deux de cinq ans chacun.
La nouvelle constitution, en revanche, supprime cette limitation et fixe le mandat présidentiel à 7 ans, ce qui devrait permettre au président actuel Pierre Nkurunziza de rester au pouvoir jusqu'en 2034.
Le responsable onusien a basé sa conclusion sur plusieurs témoignages d’acteurs et partenaires ayant «exprimé leurs préoccupations selon lesquelles la réforme» adoptée par voie référendaire pourrait replonger le pays dans un nouveau cycle d'instabilité et d'incertitudes.
Enfin, pour la République centrafricaine, Louncény Fall s’est dit encouragé par les progrès dans les discussions avec les groupes armés dans le pays, exhortant les pays de la région « à participer plus activement à l’Initiative africaine pour la paix et la réconciliation ».
L’Afrique centrale compte onze pays, à savoir, l’Angola, le Burundi, le Congo, la RD Congo, le Cameroun, la République centrafricaine, le Tchad, le Gabon, la Guinée équatoriale, le Sao Tomé et Principe et le Rwanda.
Ensemble, ils forment depuis 1983, la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC).