Il fallait le dire un jour, ce témoignage rapporté autour d’un cas gravissime présumé d’une bébé qui n’a pas survécu à cette « affaire ». Mai – juin 2013 dans une localité du Guidimagha, il faisait très chaud. Tout le quartier était secoué par les pleurs sans fin de cette petite de quelques semaines (ou un mois quelques jours). Ce que tout le monde sait sans jamais en parler ouvertement, commence à s’ébruiter parmi les voisins. La fille naissante d’une telle a été excisée apparemment, et elle en souffre beaucoup. On dit crûment « on l’a mal fait ou pas bien traité après l’affaire ». La petite ange a subi la très sinistre violence coutumière et religieuse à l’endroit de la gent féminine dans nos zones . Et tristement elle en serait morte très probablement. Ce qui est affreusement scandaleux dans le cas de l’excision et ses conséquences douloureuses, est lié au grand tabou contenu dans les familles et à la couverture complice dans l’environnement social par de non-dits et de mentalités figées et apeurées. Les lésions graves corporelles et psychiques liées à cette « affaire », sont aussi cachées ou ignorées comme l’est l’acte lui-même. Ainsi pas des soins sérieux possibles ouvertement au sein de centres médicaux disponibles. En coulisses dans l’entre-soi, on laisse le temps faire une douloureuse cicatrisation. Cette dernière une fois faite va laisser d’affreuses séquelles quasiment irréversibles sur l’organe génital. Ce bref schéma descriptif reflète cette réalité sourde qui tire une légitimation d’ordre coutumo-religieux dans nos communautés. Certaines sources attribuent ses origines datant de la période pharaonique; lire Aujourd’hui une autre légitimation liée à une certaine pratique religieuse, notamment musulmane, fait partie des motivations sociales et culturelles dans le narratif apologétique « sorcier » qui entoure cette pratique.
Et comment en sortir efficacement ?
Sur le plan international, une journée est instituée depuis 2003 SEULEMENT, le 6 février de chaque année pour sensibiliser et alerter sur ces mutilations génitales féminines (MGF). À l’occasion de cette journée, mon présent billet a été inspiré par l’activisme de militant.
Une dynamique militante qui ne doit pas laisser l’opinion publique indifférente. Reconnaissons-le, nos silences conscients et inconscients sont complices pitoyablement de la perpétuation de certaines tares graves qui saignent les corps et les esprits parmi et autour de nous. Ainsi il faut en parler et porter un discours décomplexé et courageux pour démystifier ces atteintes violentes qui devraient être criminalisées à terme comme dans d’autres pays. L’exemple de la France est un cas édifiant à s’y intéresser, là où selon la loi « Les mutilations sexuelles féminines notamment l’excision et l’infibulation sont un crime puni par la loi. En France, la loi protège tous les enfants qui vivent sur son territoire, quelle que soit leur nationalité. La loi française s’applique à l’acte commis à l’étranger si la victime est française ou si elle est étrangère et réside habituellement en France. » . En France l’élément coutumo-religieux qui motive est mis à pas, les communautés concernées se sont rangées par la force de la Loi. Ainsi de la donne imposée par la Loi, un argumentaire de contre-légitimation a même émergé dans les contenus discursifs culturels et cultuels. Grâce à la rigueur de la Loi nos certitudes coutumières enrobées dans un musulmanisme sorcier sont reléguées comme une honte enfouie à s’en débarrasser urgemment. Dans nos pays également, un même mécanisme est nécessaire pour déraciner d’une manière décisive les mentalités qui constituent l’affreux soubassement de ces pratiques terribles et attentatoires à l’intégrité physique et psychologique de nos concitoyennes. Il n’y a pas de « violences douces », donc toute atteinte irréversible touchant la personne humaine mérite d’être criminalisée pour l’enrayer avec efficacité.